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L’auto-évaluation : une réponse à l’intention d’autonomie...


L’attitude auto évaluative s’apprend : " C’est un travail sur soi pour une conscientisation critique. " (Donnadieu, Genthon & Vial, 1998, p. 110). Apprendre à s’auto-évaluer c’est accepter de voir en arrière pour porter un œil critique sur soi, appuyé sur des critères de jugement négociés et appropriés, conduisant à une prise de décision pertinente et efficiente sur la base d’un référentiel intériorisé. Cette aptitude réflexive permet une prise de conscience de son action ; lucidité indispensable à tout apprentissage signifiant que seul l’élève, en tant que sujet, peut réaliser.

" En effet, les exigences d’un tel recul et d’une telle distanciation sont considérables, car elles obligent l’évalué à se regarder, à s’analyser, à fouiller dans ses propres difficultés, au risque entre autres d’altérer son image de soi et ainsi de devoir la construire à nouveau ou sous d’autres angles. " (Bélair, 1999, p. 65)Le vertige que peut provoquer ce regard extérieur, distancié, sur soi constitue pourtant la condition essentielle de ce dessein d’autonomie de l’apprenant visé par la démarche auto évaluative. Se comprendre de l’intérieur, se questionner, permet de dégager des pistes pour ses actions futures. L’enseignant guide ce processus métacognitif en invitant l’apprenant à développer des conduites réfléchies et autonomes. L’auto-évaluation consiste bien en un processus de régulations dynamiques et interactives de formation. Elle ne peut donc se réduire à une simple instrumentation externe, aux mains d’un enseignant qui ferait fi de l’implication du sujet dans son apprentissage.

Selon Jean Cardinet (1988), l’apprentissage de l’auto-évaluation constitue le moyen essentiel permettant à l’élève de dépasser un simple savoir-faire non réfléchi, purement opératoire, pour accéder à un savoir-faire réfléchi grâce auquel il peut intervenir et agir consciemment. Pour clore notre propos rappelons que face à l’importance créditée aux compétences adaptatives dans nos sociétés libérales, il s’avère essentiel que les étudiants apprennent à distinguer leurs forces et leurs faiblesses. En ce sens, seul le développement de processus auto-évaluatifs visant l’autonomie permettra aux apprenants de gérer leurs façons de faire au travers du pouvoir qu’elle leur confère.

 

Marlyse Pillonel, Centre de recherche, École du personnel soignant, Fribourg
Jean Rouiller, Département des sciences de l’éducation, Université de Fribourg

 

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